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été supprimer notre cheminement en caravane ! De l’intérieur d’un wagon on ne voit rien ou peu de chose, et on y cuit dans son jus ! Aussi me tarde-t-il d’être arrivé à Saïda !… Est-ce que ce n’est pas votre avis, mademoiselle Louise ?… »

Comment la jeune fille ne se serait-elle pas rangée à l’opinion de M. Dardentor ?

À partir du Tlélat, le chemin de fer prit franchement la direction de l’est, en traversant les petits cours d’eau sinueux et murmurants des oueds, fidèles tributaires du Sig. Le train redescendit vers Saint-Denis, après avoir franchi le fleuve, lequel, sous le nom de Macta, va se jeter dans une vaste baie entre Arzeu et Mostaganem.

Les voyageurs arrivèrent à Saint-Denis à onze heures et quelques minutes. En cet endroit descendirent la plupart de ceux qui faisaient le voyage de touristes.

Du reste, le programme particulier de M. Dardentor comportait une journée et une nuit passées dans cette bourgade, d’où l’on repartirait le lendemain vers dix heures. Comme ses compagnes et ses compagnons s’en remettaient à lui des détails du voyage, il était décidé à suivre de point en point sa devise : transire videndo.

Notre Perpignanais fut le premier à quitter le wagon, ne doutant pas qu’il serait suivi par Agathocle, lequel s’empresserait d’offrir la main à Louise Elissane pour descendre sur le quai. Mais ce déplorable garçon devait être devancé par la jeune fille, et ce fut avec l’aide de M. Dardentor qu’elle sauta d’un pied léger.

« Ah ! fit-elle, en laissant échapper un petit cri, au moment où elle se retournait. Vous vous êtes fait mal, mademoiselle ?… demanda Clovis Dardentor.

— Non… non… répondit Louise, je vous remercie, monsieur… mais je croyais… que…

— Vous croyiez ?…

— Je croyais… que messieurs Lornans et Taconnat n’étaient pas du voyage…