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« Comment, murmura M. Dardentor, il va en être !… Eh bien, nous veillerons à ce qu’il n’ait pas toujours la meilleure place à la table et les meilleurs morceaux dans son assiette ! Que diable ! les dames avant tout ! »

Cependant, lorsque M. Oriental et M. Dardentor se rencontrèrent devant le guichet, ils crurent devoir échanger une inclinaison de tête. Puis, M. Dardentor prit six billets de première classe pour la famille Elissane, la famille Désirandelle et lui, plus un billet de seconde classe pour Patrice, qui n’eût point accepté de voyager en troisième.

Presque aussitôt la cloche retentit, les portes de la salle d’attente furent ouvertes, et les voyageurs affluèrent sur le quai le long duquel stationnait le train, sa locomotive ronflant sous ses tôles frémissantes et se couronnant de vapeurs qui fusaient à travers le joint des soupapes.

Les partants sont assez nombreux dans ce train direct d’Oran à Alger, et, comme à l’ordinaire, il ne se composait que d’une demi-douzaine de voitures. Les touristes, d’ailleurs, devaient le quitter à Perregaux, afin de prendre la voix ferrée qui descend vers le sud dans la direction de Saïda.

Six personnes ne trouvent pas aisément six places libres à l’intérieur du même compartiment, lorsqu’il y a une certaine affluence de voyageurs. Heureusement, Clovis Dardentor, qui avait la pièce de deux francs facile, parvint, grâce au zèle d’un employé, à se loger avec son petit monde dans un compartiment dont les deux autres places furent aussitôt prises. Donc, complet. Les trois dames disposèrent de la banquette arrière, les trois hommes de la banquette avant. Il convient de remarquer que Clovis Dardentor faisait face à Louise Elissane, et que tous deux occupaient les angles de ce côté du wagon.

Quant à M. Eustache Oriental, on ne l’avait point revu et on ne s’en inquiéta pas autrement. Il devait être monté dans la première voiture, et, très certainement, on apercevrait son appareil dioptrique passant à travers la portière.