Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assez singulièrement situé au milieu de l’édifice. Mais le temps eût manqué pour examiner en détail le riche trésor de la cathédrale, ses merveilles artistiques, ses reliques sacrées, en extrême vénération à Majorque, — particulièrement le squelette du roi don Jayme d’Aragon, renfermé depuis trois siècles dans son sarcophage de marbre noir.

Peut-être, pendant cette courte séance, les visiteurs n’eurent-ils guère le loisir de faire une prière. Dans tous les cas, si Jean Taconnat eût prié pour Clovis Dardentor, ce n’eût été qu’à la condition d’être l’unique auteur de son salut dans ce monde en attendant l’autre.

« Et où allons-nous maintenant ?… demanda Marcel Lornans.

— À l’Ayuntamiento, répondit le guide.

— Par quelle rue ?

— Par la calle de Palacio. »

Le groupe revint sur ses pas en remontant cette rue sur une longueur de trois cents mètres, — soit environ seize cents palmos, pour compter à la mode majorquaine. La rue accède à une place moins spacieuse que la plaza d’Isabelle II, et d’un dessin non moins irrégulier. Du reste, ce n’est pas aux Baléares que se rencontrent des villes où le cordeau rectiligne et l’équerre rectangulaire tracent des cases d’échiquier comme dans les cités américaines.

Valait-il la peine de visiter l’Ayuntamiento, autrement dit la casa Consistorial ? Assurément, et pas un étranger ne viendrait à Palma sans vouloir admirer un monument que son architecte a doté d’une si remarquable façade, les deux portes ouvertes entre deux fenêtres chacune et qui offrent accès à l’intérieur, la tribune, cette charmante « loggia » qui s’évide au centre. Puis, il y a le premier étage dont les sept fenêtres donnent sur un balcon courant tout le long de l’édifice, le deuxième étage protégé par la saillie d’une toiture de chalet, et ses caissons à rosaces que supportent d’infatigables cariatides de pierre. Enfin cette casa Consistorial est regardée comme un chef-d’œuvre de la Renaissance italienne.

C’est dans la « sala », ornée de peintures représentant les notabi-