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ferrée n’égale ce railway — même en Amérique : la ligne du Canada a cinq mille kilomètres ; la ligne Centrale-et-Union, cinq mille deux cent soixante ; la ligne de Santa-Fé, quatre mille huit cent soixante-quinze ; la ligne Atlantique-Pacifique, cinq mille six cent trente ; la ligne du Nord-Pacifique, six mille deux cent cinquante. Un seul chemin de fer possédera un plus long développement, une fois achevé : ce sera le Grand-Transsibérien qui, de l’Oural à Vladivostok, comptera six mille cinq cents kilomètres.

Entre Tiflis et Pékin, notre voyage ne doit durer que treize jours, et onze seulement depuis Ouzoun-Ada. Le train ne s’arrêtera aux stations secondaires de la ligne que le temps de refaire son eau et son combustible. Toutefois, dans les principales villes, Merv, Boukhara, Samarkande, Tachkend, Kachgar, Kokhan, Sou-Tchéou, Lan-Tchéou, Taï-Youan, il séjournera plusieurs heures, — ce qui me permettra de voir ces cités à vol de reporter.

Il va de soi que le même mécanicien et les mêmes chauffeurs ne pourraient faire un service de onze jours. On les remplace donc, comme il convient, de six heures en six heures. Seulement, aux Russes qui vont fonctionner jusqu’à la frontière turkestane, succéderont des Chinois sur les locomotives du Céleste-Empire.

Cependant il est un agent de la Compagnie, qui ne doit pas quitter son poste, c’est Popof, — Popof, notre chef de train, un vrai Russe, l’air militaire avec sa houppelande plissée et sa casquette moscovite, très chevelu et très barbu. Je me propose de converser à discrétion avec ce brave homme pour peu qu’il soit loquace. S’il ne dédaigne pas un verre de vodka offert à propos, il saura m’en dire long sur le pays : depuis dix ans, il est employé au service du Transcaspien entre Ouzoun-Ada et le Pamir, et depuis un mois, il fait toute la ligne jusqu’à Pékin.

Je lui attribue le numéro 7 sur mon carnet, et puisse-t-il ne pas me laisser chômer de renseignements. En somme, je ne demande pas des accidents de voyage, non ! rien que de petits incidents dignes du XXe Siècle.