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J’aurais voulu visiter le fameux sanctuaire d’Atesh-Gâh ; mais il est à vingt-deux verstes de la ville, et le temps m’eût manqué. Là brûle le feu éternel, entretenu depuis des centaines d’années par des prêtres parsis, venus de l’Inde, lesquels ne mangent jamais de nourriture animale. En d’autres pays, ces végétariens seraient simplement traités de légumistes.

Ce mot me rappelle que je n’ai pas déjeuné, et, comme onze heures sonnent, je me dirige vers le restaurant de la gare, où j’entends bien ne point me conformer au régime alimentaire des Parsis d’Atesh-Gâh.

Au moment où j’entre dans la salle, Fulk Ephrinell en sort précipitamment.

« Et déjeuner ?… lui demandai-je.

— C’est fait, me répond-il.

— Et vos colis ?…

— Encore vingt-neuf à transporter jusqu’au paquebot… Mais, pardon… je n’ai pas un instant à perdre. Quand on représente la maison Strong Bulbul and Co., qui expédie hebdomadairement cinq mille caisses de ses produits…

— Allez… allez…, monsieur Ephrinell, nous nous retrouverons à bord.

— À propos, vous n’avez pas rencontré notre compagne de voyage ?

— Quelle compagne de voyage ?…

— Cette jeune dame qui occupait ma place dans le compartiment…

— Il y avait une jeune dame avec nous ?…

— Sans doute.

— Eh bien, vous me l’apprenez, monsieur Bombarnac, vous me l’apprenez ! »

Et là-dessus, l’Américain franchit la porte et disparaît. Il faut espérer qu’avant d’arriver à Pékin, je saurai quels sont les produits de la maison Strong Bulbul and Co. de New-York. Cinq mille caisses par semaine… quelle fabrication et quel débit !