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je n’ai jamais entendu parler de la maison Strong Bulbul and Co.

Je me proposais donc d’interroger Fulk Ephrinell à ce sujet, quand il me dit :

« Avez-vous déjà visité les États-Unis d’Amérique, monsieur Bombarnac ?

— Non, monsieur Ephrinell.

— Viendrez-vous un jour dans notre pays ?

— Peut-être.

— Alors n’oubliez pas d’explorer à New-York la maison Strong Bulbul and Co.

— Explorer ?…

— C’est le mot vrai.

— Bon ! Je n’y manquerai point.

— Vous verrez là un des plus remarquables établissements industriels du nouveau continent.

— Je n’en doute pas, mais pourrai-je savoir ?…

Wait a bit, monsieur Bombarnac ! reprend Fulk Ephrinell, en s’animant. Figurez-vous une colossale usine, de vastes bâtiments pour le montage et l’ajustage des pièces, une machine développant quinze cents chevaux de force, des ventilateurs à six cents tours par minute, des générateurs dévorant cent tonnes de charbon par jour, une cheminée haute de quatre cent cinquante pieds, d’immenses hangars pour l’emmagasinage des produits fabriqués que nous écoulons à travers les cinq parties du monde, un directeur général, deux sous-directeurs, quatre secrétaires, huit sous-secrétaires, un personnel de cinq cents employés et de neuf mille ouvriers, toute une légion de courtiers comme votre serviteur, qui exploitent l’Europe, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique, l’Australasie, enfin un chiffre d’affaires qui dépasse annuellement cent millions de dollars ! Et tout cela, monsieur Bombarnac, tout cela pour fabriquer par milliards… oui ! je dis par milliards… »

En ce moment, le train commence à diminuer de vitesse sous l’action de ses freins automatiques ; puis, il s’arrête.