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artisans en chambre, et ainsi que l’indique l’enseigne, plus particulièrement par des étrangers.

C’est au premier étage, dont la fenêtre s’ouvre sur l’avenue, que loge la jeune Roumaine, laquelle, on ne l’a point oublié, après avoir appris son métier de modiste à Paris, est venue exercer à Pékin et possède déjà une certaine clientèle.

Je monte à ce premier étage. Je lis le nom de Mlle Zinca Klork sur une porte. Je frappe. On m’ouvre.

Me voici en présence d’une jeune fille tout à fait charmante, comme le disait Kinko. C’est une blonde de vingt-deux à vingt-trois ans, avec les yeux noirs du type roumain, une taille agréable, une physionomie gracieuse et souriante. En effet, n’a-t-elle pas été informée que le train du Grand-Transasiatique est en gare depuis la veille au soir en dépit des péripéties du voyage, et n’attend-elle pas son fiancé d’un instant à l’autre ?

Et moi, d’un mot, je vais éteindre cette joie, je vais souffler sur ce sourire…

Mlle Zinca Klork est très surprise de voir un étranger apparaître au seuil de sa porte. Comme elle a vécu plusieurs années en France, elle n’hésite pas à me reconnaître pour un Français, et demande ce qui lui procure l’avantage de me voir.

Il faut que je prenne garde à mes paroles, car je risquerais de la tuer, la pauvre enfant !

« Mademoiselle Zinca… dis-je.

— Vous savez mon nom ?… s’écrie-t-elle.

— Oui, mademoiselle… Je suis arrivé hier par le train du Grand-Transasiatique… »

La jeune fille pâlit, ses jolis yeux se troublent. Il est évident qu’elle a lieu de craindre… Kinko a-t-il été surpris dans sa caisse, la fraude a-t-elle été découverte… est-il arrêté… est-il en prison ?…

Je me hâte d’ajouter :

« Mademoiselle Zinca… certaines circonstances… m’ont mis au courant… du voyage d’un jeune Roumain…