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Monsieur… mistress !… Allons ! on ne s’appelle déjà plus Fulk et Horatia !

Et alors, sans que l’un ait offert le bras à l’autre, tous deux franchissent la porte de sortie… J’ai comme une idée que le courtier a dû prendre à droite, tandis que la courtière prenait à gauche. Après tout, c’est leur affaire.

Restait mon numéro 8, sir Francis Trevellyan, le personnage muet, qui n’a pas dit un seul mot de toute la pièce, — je veux dire de tout le voyage. Je voudrais pourtant bien entendre le son de sa voix, ne fût-ce qu’une seconde.

Eh ! si je ne me trompe, il me semble que cette occasion va se présenter ici même.

En effet, le flegmatique gentleman est là, promenant son regard dédaigneux sur les wagons. Il vient de tirer un cigare de son étui en maroquin jaune. Mais, lorsqu’il secoue sa boîte d’allumettes, il s’aperçoit qu’elle est vide.

Précisément, mon cigare, — un excellent londrès de choix, — est allumé, et je le fume avec la satisfaction béate d’un amateur, et aussi le regret d’un homme qui n’en trouvera pas de pareil dans toute la Chine.

Sir Francis Trevellyan a vu la lueur qui brille au bout de mon cigare, et il s’avance vers moi.

Je pense qu’il va me demander du feu, ou plutôt « de la lumière », comme disent les Anglais, et j’attends le some light traditionnel.

Le gentleman se borne à tendre sa main, et, machinalement, je lui présente mon cigare.

Il le prend alors entre le pouce et l’index, il en fait tomber la cendre blanche, il y allume le sien, et alors je m’imagine que si je n’ai point entendu le some light, je vais entendre le thank you, sir !

Point ! Dès qu’il a humé quelques bouffées de son cigare, sir Francis Trevellyan jette nonchalamment le mien sur le quai. Puis, sans