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donc point à prendre congé de lui, ni de M. et Mme Caterna, qui comptent y rester une quinzaine de jours, avant de partir pour Shangaï. Quant à Pan-Chao et au docteur Tio-King, une voiture les attend pour les conduire au yamen habité par la famille du jeune Chinois. Mais nous nous reverrons. Des amis ne se séparent pas sur un simple adieu, et la poignée de main que je lui donne à la descente du wagon ne sera pas la dernière.

M. et Mrs. Ephrinell ne vont pas tarder à quitter la gare afin d’aller à leurs affaires, qui les obligent à chercher un hôtel dans le quartier commerçant de l’enceinte chinoise. Ils ne s’en iront pas, du moins, sans avoir reçu nos compliments. Aussi le major Noltitz et moi rejoignons-nous cet aimable couple, et les politesses d’usage sont réciproquement échangées.

« Enfin, dis-je à Fulk Ephrinell, les quarante-deux colis de la maison Strong Bulbul and Co. sont parvenus à bon port ! Mais il s’en est fallu de peu que l’explosion de notre locomotive ne vous ait cassé vos dents artificielles…

— Comme vous dites, monsieur Bombarnac, répond l’Américain, et mes dents l’ont échappé belle. Que d’aventures depuis notre départ de Tiflis !… Décidément, ce voyage a été moins monotone que je l’imaginais…

— Et puis, ajoute le major, vous vous êtes marié en route… si je ne me trompe !

Wait a bit ! réplique le Yankee d’un ton bizarre. Pardon… nous sommes pressés…

— Nous ne voulons pas vous retenir, monsieur Ephrinell, ai-je répondu, et à mistress Ephrinell comme à vous, vous nous permettrez de dire au revoir…

— Au revoir », répond cette Anglaise américanisée, plus sèche encore à l’arrivée qu’elle n’était au départ.

Puis, se retournant :

« Je n’ai pas le loisir d’attendre, monsieur Ephrinell…

— Ni moi, mistress », répond le Yankee.