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que le baron doit prendre le paquebot pour Yokohama ? demande le major Noltitz.

— C’est là même, ai-je répondu.

— Il le manquera, réplique le trial.

— À moins qu’il ne trotte, notre globe-trotter !

— Le trot d’un âne dure peu, comme on dit, riposte M. Caterna, et il n’arrivera pas…

— Il arrivera si le train n’a plus de retard, fait observer le major. Nous serons en gare de Tien-Tsin, le 23, dès six heures du matin, et le paquebot ne part qu’à onze.

— Qu’il manque le paquebot ou non, mes amis, ai-je répliqué, ne manquons pas notre promenade ! »

En cet endroit, un pont de bateaux traverse le fleuve Jaune, dont le courant est si rapide que le tablier est soumis à un véritable mouvement de houle. Mme Caterna, qui a cru pouvoir s’y hasarder, commence à pâlir.

« Caroline… Caroline… s’écrie son mari, tu vas avoir le mal de mer ! Allons… amène-toi… amène-toi ! »

Mme Caterna « s’amène », et nous remontons vers une pagode qui domine la ville.

Ainsi que tous les monuments de ce genre, cette pagode ressemble à une pile de compotiers, placés les uns sur les autres ; mais ces compotiers sont d’une jolie forme, et ils seraient en porcelaine de Chine qu’on ne pourrait s’en étonner.

Vu, aussi, mais sans y pénétrer, d’importants établissements industriels, une fonderie de canons, une fabrique de fusils, dont le personnel est d’origine indigène. Parcouru un beau jardin, attenant à la maison du gouverneur, avec son capricieux ensemble de ponts, kiosques, vasques, portes en forme de potiches. Il y a là plus de pavillons et de toits retroussés que d’arbres et d’ombrages. Puis, ce sont des allées pavées de briques, entre les restes du soubassement de la Grande-Muraille.

Il était dix heures moins dix, lorsque nous sommes revenus à