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En vérité, ce ne serait que justice si Claretie, sur la recommandation de Meilhac et d’Halévy, leur faisait une place parmi les pensionnaires de la Comédie-Française.

À minuit, la fête a pris fin. Chacun de nous a regagné son compartiment. Nous n’entendons même pas crier le nom des stations qui précèdent Lan-Tchéou, et c’est entre quatre et cinq heures du matin qu’une halte de quarante minutes nous retient dans la gare de cette bourgade.

Le pays se modifie sensiblement à mesure que le railway descend au-dessous du quarantième degré, afin de contourner la base orientale des monts Nan-Chan. Le désert s’efface peu à peu, les villages sont moins rares, la densité de la population s’accroît. Aux terrains sablonneux se substituent les plaines verdoyantes, et même les rizières, car les montagnes voisines déversent abondamment leurs eaux sur ces hautes régions du Céleste-Empire. Nous ne nous plaignons pas de ce changement, après les tristesses du Kara-Koum et les solitudes du Gobi. Depuis la Caspienne, les déserts ont incessamment succédé aux déserts, sauf à travers les massifs du plateau de Pamir. Jusqu’à Pékin, maintenant, ni les sites pittoresques, ni les horizons de montagnes, ni les profondes vallées, ne manqueront au parcours du Grand-Transasiatique. Nous entrons en Chine, la véritable Chine, celle des paravents et des porcelaines, sur les territoires de cette vaste province du Kin-Sou. En trois jours, nous serons arrivés au terme du voyage, et ce n’est pas moi, simple correspondant de journal, voué à d’interminables déplacements, qui me plaindrai de sa longueur. Bon pour Kinko, enfermé dans sa caisse, et pour la jolie Zinca Klork, dévorée d’inquiétudes en sa maison de l’avenue Cha-Coua !

Nous faisons halte pendant deux heures à Sou-Tchéou. Mon premier soin est de courir au bureau télégraphique. Le complaisant Pan-Chao veut bien me servir d’interprète. L’employé nous apprend que les poteaux de la ligne ont été relevés, de sorte que les dépêches suivent leur direction normale.