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Le seigneur Faruskiar se retourne alors, et, en langue russe, d’une voix parfaitement calme :

« Ki-Tsang est mort, dit-il, et périssent comme lui tous ceux qui s’armeront contre le Fils du Ciel ! »


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XXI


Ainsi, c’était Ki-Tsang qui venait d’attaquer le train du Grand-Transasiatique sur les plaines du Gobi ! Le pirate du Yunnan avait appris qu’un wagon, contenant de l’or et des pierres précieuses d’une valeur énorme, faisait partie de ce train !… Et peut-on s’en étonner, puisque les journaux, même ceux de Paris, avaient publié ce fait-divers depuis plusieurs jours ? Aussi Ki-Tsang avait-il eu le temps de préparer son coup, d’enlever une partie des rails pour intercepter la circulation, et il aurait probablement réussi à s’emparer du trésor impérial, après avoir massacré les voyageurs, si le seigneur Faruskiar ne l’eût abattu à ses pieds. Voilà donc pourquoi notre héros s’était montré si inquiet depuis le matin !… S’il surveillait le désert avec tant d’obstination, c’est qu’il avait été prévenu des projets de Ki-Tsang par le dernier Mongol monté en wagon à Tchertchen !… En tout cas, nous n’avons plus rien à craindre désormais de ce Ki-Tsang. L’administrateur de la Compagnie a fait justice du bandit, — justice expéditive, j’en conviens. Mais nous sommes au milieu des déserts de la Mongolie, où le jury ne fonctionne pas encore — heureusement pour les Mongols.

« Eh bien, dis-je au major, j’espère que vous êtes revenu de vos soupçons à l’égard du seigneur Faruskiar ?