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Le train s’ébranle en ce moment, les roues de la locomotive patinent sur le rail, puis la vitesse s’accélère…

Nous sommes partis.

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II


Partis avec trois minutes de retard ; il faut être précis. Un reporter qui ne précise pas, c’est un géomètre qui néglige de pousser ses calculs jusqu’à la dixième décimale. Ce retard de trois minutes a permis au Germain d’être notre compagnon de voyage. J’ai l’idée que ce bonhomme me fournira de la copie ; mais ce n’est qu’un pressentiment.

Il fait encore jour à six heures du soir, au mois de mai, sous cette latitude. Je me suis procuré un horaire et je le consulte. La carte dont il est accompagné me fait connaître, station par station, le parcours du railway entre Tiflis et Bakou. Ne pas savoir quelle direction prend la locomotive, si le train monte par le nord-est ou descend par le sud-est, cela me serait insupportable, d’autant plus que, la nuit venue, je ne verrai rien, n’étant point nyctalope comme les hiboux, les chouettes, les hulottes et les chats de gouttière.

Mon indicateur m’apprend d’abord que la voie ferrée longe à peu près la route carrossable qui relie Tiflis à la Caspienne, en desservant Saganlong, Poily, Elisabethpol, Karascal, Aliat, Bakou, à travers la vallée du Koura. On ne tolère guère à un railway des « écarts de conduite. » Il doit autant que possible suivre la ligne droite. C’est ce que fait le Transgéorgien.

Parmi les stations qu’il met en communication, il en est une que