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voyageurs. Et c’est même cette opinion que soutient le baron Weissschnitzerdörfer au cours d’une sortie furibonde contre Popof.

« Il fallait prévenir, monsieur, il fallait prévenir ! répète-t-il. Ces millions-là, on sait à présent qu’ils sont convoyés par le train, et cela peut donner l’idée de l’attaquer !… Or, une attaque, en admettant qu’on la repousse, entraînerait des retards, et des retards… je ne puis les admettre… Non, monsieur je ne le puis !

— Personne ne nous attaquera, monsieur le baron, répond Popof, personne n’y songe !

— Et qu’en savez-vous, monsieur, qu’en savez-vous ?

— Un peu de calme, je vous prie.

— Non ! je ne me calmerai pas, et, si la circulation est entravée, j’en rendrai la Compagnie responsable ! »

C’est entendu, cent mille florins de dommages-intérêts à monsieur le baron du « Tour du Monde » !

Passons aux autres voyageurs.

Fulk Ephrinell, on n’en doute pas, ne peut considérer cet incident qu’à un point de vue très pratique.

« Il est certain, dit-il, que nos risques sont notablement accrus par l’adjonction de ce trésor, et en cas d’accident provenant de ce fait, la Life Travellers Society, à laquelle je me suis assuré, refuserait sans doute de payer des risques, dont la Compagnie du Grand-Transasiatique a toute la responsabilité.

— En effet, répond miss Horatia Bluett, et sa situation vis-à-vis du Céleste-Empire eût été grave, si l’on n’avait pas retrouvé les wagons abandonnés. N’est-ce pas votre avis, Fulk ?

— Entièrement, Horatia ! »

Horatia et Fulk — tout court !

Le couple anglo-américain avait raison ; cette perte énorme aurait été mise au compte du Grand-Transasiatique, car la Compagnie ne pouvait ignorer qu’il s’agissait d’un envoi d’or et de pierres précieuses, et non de la dépouille du mandarin Yen-Lou, — ce qui engageait sa responsabilité personnelle.