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XVII


Nous sommes lancés sur les rails d’un chemin de fer chinois à voie unique, traînés par une locomotive céleste, conduits par des mécaniciens de race jaune… Espérons que nous ne serons pas « télescopés » en route, puisque le train compte parmi les voyageurs l’un des principaux fonctionnaires de la Compagnie en la personne du seigneur Faruskiar.

Après tout, s’il survenait quelque accident, cela romprait la monotonie du voyage et me fournirait des épisodes. Je suis forcé de le reconnaître, mes personnages n’ont pas donné jusqu’ici ce que j’en attendais. La pièce ne se corse pas, l’action languit. Il faudrait un coup de théâtre, qui mît tout ce monde en scène, — ce que M. Caterna appellerait « un beau quatrième acte. »

En effet, Fulk Ephrinell et miss Horatia Bluett sont toujours absorbés dans leur tête-à-tête commercial. Pan-Chao et le docteur m’ont amusé un instant, mais ils ne « rendent » plus guère. Le trial et la dugazon ne sont que de simples comiques, auxquels les situations vont manquer. Kinko, Kinko lui-même, sur lequel je fondais tant d’espérances, a passé la frontière sans encombre, il arrivera à Pékin sans peine, il épousera Zinca Klork sans difficultés. Décidément, ça ne marche pas ! Je ne tire rien du feu mandarin Yen-Lou ! Et les lecteurs du XXe Siècle qui attendent de moi une chronique vibrante et sensationnelle !

Voyons, est-ce que je serais forcé de me rabattre sur le baron allemand ? Non ! il n’est que ridicule, et le ridicule, qui est l’originalité des sots, ne peut jamais intéresser.