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passe comme une lettre à la poste. Si un courtier américain et une courtière anglaise n’étaient pas en règle, qui donc le serait ? Oncle Sam et John Bull, c’est tout un.

D’autres voyageurs russes et turkomènes subissent l’épreuve, sans qu’il y ait matière à contestation. Qu’ils appartiennent à la première ou à la seconde classe, ils sont dans les conditions exigées par l’administration chinoise, qui perçoit un droit assez élevé pour chaque visa, payable en roubles, taëls ou sapèques.

Parmi ces voyageurs, je remarque un clergyman des États-Unis, âgé d’une cinquantaine d’années, qui se rend à Pékin ; c’est le révérend Nathaniel Morse, de Boston, un de ces honnêtes débitants de Bibles, un de ces missionnaires yankees, fourrés sous la peau d’un négociant, très habiles en affaires. À tout hasard, je lui attribue le numéro 13 sur mon carnet.

La vérification des papiers du jeune Pan-Chao et du docteur Tio-King ne donne lieu à aucune difficulté, et ceux-ci échangent « dix mille bonjours » des plus aimables avec le représentant de l’autorité chinoise.

Lorsque c’est le tour du major Noltitz, cela donne lieu à un léger incident. Sir Francis Trevellyan, qui venait de se présenter en même temps que lui, ne semble aucunement disposé à lui céder la place. Cependant, tout se borne à des regards hautains et provocateurs. Le gentleman n’a pas seulement pris la peine d’ouvrir la bouche. Il est donc écrit là-haut que je ne connaîtrai pas le son de sa voix !… Le Russe et l’Anglais reçurent chacun le visa réglementaire, et l’affaire n’alla pas plus loin.

Le seigneur Faruskiar, suivi de Ghangir, arrive alors devant le Céleste à lunettes, qui le regarde avec une certaine attention. Le major Noltitz et moi, nous l’observons. Comment subira-t-il cet examen ? Peut-être allons-nous être fixés sur son compte…

Mais quelle est notre surprise et même notre stupéfaction devant l’espèce de coup de théâtre qui se produit en ce moment ?

Après avoir jeté un coup d’œil sur les papiers que lui a présentés