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Je demande alors à Kinko de me montrer de quelle façon il est installé dans sa caisse.

Rien de plus simple et de mieux compris. Au fond, un siège, sur lequel il s’assoit, avec l’espace nécessaire pour étendre ses jambes, lorsqu’il les place obliquement ; sous ce siège, fermé par un couvercle, quelques modestes provisions, des ustensiles de table réduits à un simple couteau de poche et un verre de métal ; puis, la houppelande et la couverture pendues à un clou, et la petite lampe dont il se sert la nuit, accrochée à l’une des parois.

Il va de soi que le panneau mobile permet au prisonnier de quitter momentanément son étroite prison. Mais si la caisse eût été placée au milieu des colis, si les facteurs ne l’avaient pas disposée avec les précautions dues à sa fragilité, il n’aurait pu manœuvrer ce panneau et se serait vu contraint de demander grâce avant le terme du voyage. Heureusement, il y a un Dieu pour les fiancés, et l’intervention divine en faveur de Kinko et de Zinca Klork s’est manifestée dans toute sa plénitude. Il me dit alors que, chaque nuit, il a pu se promener à l’intérieur du fourgon, et même descendre une fois sur le quai de la gare.

« Je le sais, Kinko… C’était à la station de Boukhara… Je vous ai vu…

— Vous m’avez vu ?…

— Oui, et j’ai même cru que vous cherchiez à fuir. Mais, si je vous ai vu, c’est que je connaissais votre présence dans le fourgon, c’est que j’étais là, vous observant, et nul autre que moi n’aurait eu la pensée de vous épier. Néanmoins cela est dangereux ; ne recommencez pas, et laissez-moi le soin de renouveler votre ordinaire, lorsque j’en trouverai l’occasion.

— Merci, monsieur Bombarnac, merci ! Je ne crois pas que j’aie désormais à craindre d’être découvert… si ce n’est à la frontière chinoise… ou plutôt à Kachgar…

— Et pourquoi ?…

— La douane est extrêmement sévère pour les marchandises ex-