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petite lampe, je puis examiner mon numéro 11, auquel je vais enfin donner une désignation moins arithmétique.

« Personne ne peut nous voir… ni nous entendre ?… me demande-t-il d’une voix à demi suffoquée.

— Personne.

— Le chef du train ?…

— Il dort. »

Mon nouvel ami me prend les mains, il me les serre… Je sens que c’est un appui qu’il cherche… Il comprend qu’il peut compter sur moi… Et pourtant sa bouche murmure encore :

« Ne me trahissez pas… ne me trahissez pas !

— Vous trahir, mon garçon ?… Est-ce que les journaux de France n’ont pas été sympathiques à ce petit tailleur autrichien, à ces deux fiancés espagnols, qui se sont fait expédier dans les conditions où vous êtes ?… Est-ce qu’ils n’ont pas ouvert des souscriptions en leur faveur ?… Et pouvez-vous craindre que moi, chroniqueur, moi, journaliste…

— Vous êtes journaliste ?…

— Claudius Bombarnac, correspondant du XXe Siècle.

— Un journal français…

— Oui, vous dis-je.

— Et vous allez jusqu’à Pékin ?…

— Jusqu’à Pékin.

— Ah ! monsieur Bombarnac, c’est Dieu qui vous a mis sur ma route.

— Non, ce sont les directeurs de mon journal, et ils m’ont délégué les pouvoirs qu’ils tiennent de la Providence. Courage et confiance ! Tous les services que je serai en mesure de vous rendre, je vous les rendrai…

— Merci… merci !

— Comment vous nommez-vous ?…

— Kinko.

— Kinko ?… Nom excellent !