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tympans, bas-reliefs, niches, émaux, encorbellement, dans le chapelet d’une phrase, le tableau serait toujours incomplet. Ce sont des coups de pinceau qu’il faudrait, non des coups de plume. L’imagination demeure confondue devant ces restes de la plus splendide architecture que nous ait léguée le génie asiatique.

C’est au plus profond de cette mosquée que les fidèles vont adorer le tombeau de Kassim-ben-Abbas, un saint vénéré de la religion musulmane, et, paraît-il, si l’on ouvrait ce tombeau, ce serait un vivant qui en sortirait dans toute sa gloire. Seulement l’expérience n’a pas été faite, et l’on préfère s’en tenir à la légende.

Nous avons dû nous arracher à cette contemplation, et nous eûmes la chance que ni M.  niMme Caterna ne troublèrent notre extase en évoquant leurs souvenirs de théâtre. Ils avaient partagé notre impression, sans doute.

Nous reprenons place dans l’arba, et le yemtchik nous enlève au galop de ses colombes à travers des rues ombragées, que l’administration russe entretient avec soin.

Au long de ces rues, nombre de passants méritent d’être regardés. Ils portent des costumes très divers, des « khalats » aux couleurs chatoyantes, et leur tête est enturbannée de façon très coquette. Du reste, les types doivent être et sont mélangés au milieu d’une population, qui se chiffre par près de quarante mille habitants. Pour la plupart, ils appartiennent à la race des Tadjiks, d’origine iranienne. Ce sont de forts gaillards, dont la peau blanche a disparu sous le hâle du plein air et du plein soleil. Je reproduis ici ce que j’ai retrouvé en lisant l’intéressant récit de Mme de Ujfalvy-Bourdon : « Les cheveux sont généralement noirs ainsi que la barbe, qui est très abondante. Les yeux ne sont jamais relevés des coins et sont presque toujours bruns. Le nez est très beau, les lèvres sont fines, les dents sont petites. Le front est haut, large, et l’ensemble de la face est ovale. »

Aussi ne puis-je retenir un signe d’approbation, lorsque M. Ca-