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compagnera. Nous étions déjà hors de la gare, lorsque M. et Mme Caterna se présentent.

« Vous allez courir la ville, monsieur Claudius ? me demande le trial, en arrondissant son geste de manière à figurer la vaste enceinte de Samarkande.

— C’est notre intention, monsieur Caterna.

— Si le major Noltitz et vous étiez assez aimables pour me permettre de me joindre…

— Comment donc !

— Avec madame Caterna, car je ne fais rien sans elle…

— Notre exploration n’en sera que plus agréable, » répond le major en s’inclinant devant l’aimable dugazon.

Et moi d’ajouter :

« Afin d’éviter la fatigue et de gagner du temps, mes chers compagnons, j’offre une arba.

— Une arba ? s’écrie M. Caterna en se déhanchant. Qu’est-ce que cela peut être, une arba ?

— Une voiture du pays.

— Va pour une arba ! »

Nous envahissons une de ces caisses roulantes, qui stationnaient devant la gare. Sous promesse d’un bon « silao » ou pourboire, le yemtchik ou cocher nous promet de donner des ailes à ses deux colombes, autrement dit ses deux petits chevaux, et nous sommes partis d’un bon train.

Nous laissons sur la gauche la ville russe, disposée en éventail, la maison du gouverneur, environnée de beaux jardins, le parc public, et ses allées enfouies sous de frais ombrages, puis l’habitation du chef de district, qui entame un peu l’emplacement de la vieille ville.

En passant, le major nous montre la forteresse que notre arba contourne. Là sont creusées les tombes des soldats russes, morts à l’attaque de 1868, dans le voisinage de l’ancien palais de l’émir de Boukhara.