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XII


Samarkande est située au milieu de cette riche oasis qu’arrosé le Zarafchane, à travers la vallée de Sogd. Une petite brochure, dont j’ai fait achat à la gare, m’apprend que cette grande cité pourrait bien occuper un des quatre emplacements où les géographes « s’accordent » à placer le Paradis Terrestre. Je laisse cette discussion aux exégètes de profession…

Incendiée par les armées de Cyrus, trois cent vingt-neuf ans avant Jésus-Christ, Samarkande fut en partie détruite par Genghiz-Khan, vers 1219. Devenue la capitale de Tamerlan, cette situation, dont elle pouvait certainement s’enorgueillir, ne l’empêcha pas d’être ravagée par les nomades du XVIIIe siècle. On le voit, c’est avec ces alternatives de grandeurs et de ruines qu’ont débuté les villes importantes de l’Asie centrale.

Cinq heures d’arrêt à Samarkande, pendant le jour, voilà qui me promet quelque agrément et quelques pages de copie. Mais il n’y a pas de temps à perdre. Comme de juste, la ville est double : l’une, qui a été bâtie par les Russes, toute moderne, avec des parcs verdoyants, des avenues plantées de bouleaux, des palais, des cottages ; l’autre, l’ancienne, riche encore des magnifiques restes de sa splendeur, et qui exigerait plusieurs semaines pour être consciencieusement étudiée.

Cette fois, je ne serai pas seul. Le major Noltitz est libre, il m’ac-