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ruskiar et Ghangir n’ont pu y prendre part… À peine ont-ils échangé quelques paroles en chinois.

Je dois cependant noter un détail assez bizarre, et qui n’échappa point au major.

Interrogé sur la sécurité des communications à travers l’Asie centrale du Grand-Transasiatique, Pan-Chao nous avoua que cette sécurité était moins affermie au delà de la frontière turkestane. C’est bien ce que m’avait dit le major Noltitz. Je fus alors amené à demander au jeune Céleste s’il avait entendu parler du fameux Ki-Tsang avant son départ pour l’Europe.

« Souvent, me répondit-il, car Ki-Tsang opérait alors à travers les provinces du Yunnan, et j’espère que nous ne le rencontrerons pas sur notre route. »

Sans doute, j’avais imparfaitement prononcé le nom de ce célèbre bandit, car c’est à peine si je compris Pan-Chao, lorsqu’il l’articula avec l’accent de sa langue natale.

Eh bien ! ce que je crois pouvoir affirmer, c’est que, au moment où il répéta le nom de Ki-Tsang, le seigneur Faruskiar fronça le sourcil, et ses yeux jetèrent un éclair. Puis, ayant regardé son compagnon, il reprit son indifférence habituelle à tout ce qui se disait autour de lui.

Décidément, j’aurai quelque peine à forcer l’intimité de ce personnage. Ces Mongols sont fermés comme des coffres Fichet, et, quand on n’a pas le mot, il est difficile de les ouvrir !

Cependant le train avait filé avec une extrême rapidité. En service ordinaire, lorsqu’il dessert les onze stations établies entre Boukhara et Samarkande, il y emploie la journée entière. Cette fois, il ne lui fallut que trois heures pour franchir les deux cents kilomètres qui séparent les deux villes, et, à deux heures de l’après-midi, il entrait dans l’illustre cité de Tamerlan.

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