Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Grand-Transasiatique est sous le contrôle de l’administration chinoise, et je n’ai qu’une médiocre confiance en elle.

— Est-ce que les stations sont éloignées les unes des autres ? demandai-je.

— Très éloignées quelquefois.

— Et les employés russes ne seront-ils pas alors remplacés par des employés chinois ?…

— Oui, à l’exception de notre chef de train, Popof, qui doit nous accompagner pendant tout le trajet.

— Ainsi, pour employés, mécaniciens et chauffeurs, nous aurons des Célestes ?… Eh ! major, voilà qui me paraît inquiétant, et la sécurité des voyageurs…

— Détrompez-vous, monsieur Bombarnac, ces chinois ne sont pas des agents moins experts que les nôtres, et ils font d’excellents mécaniciens. Il en est de même des ingénieurs qui ont établi très habilement la voie à travers le Céleste-Empire. C’est, à coup sûr, une race très intelligente, très apte aux progrès industriels, cette race jaune !

— Je le crois, major, puisqu’elle doit un jour devenir maîtresse du monde… après la race slave, s’entend !

— Je ne sais trop ce que réserve l’avenir, répond le major Noltitz en souriant. Pour en revenir aux Chinois, j’affirme qu’ils ont une compréhension vive, une facilité d’assimilation étonnante. Je les ai vus à l’œuvre, et j’en parle par expérience.

— D’accord, mais, s’il n’y a pas danger de ce chef, est-ce que nombre de malfaiteurs ne parcourent pas les vastes déserts de la Mongolie et de la Chine septentrionale ?

— Et vous pensez que ces malfaiteurs seraient assez hardis pour attaquer un train ?

— Parfaitement, major, et c’est ce qui me rassure…

— Comment… cela vous rassure ?…

— Sans doute, car ma seule préoccupation est que notre voyage soit dépourvu d’incidents.