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que, depuis cette station de Douchak jusqu’au terminus des chemins de fer de l’Inde Anglaise, une ligne qui traverserait la frontière de l’Afghanistan, Kandahar, les passes de Bolan et l’oasis de Pendjech, suffirait à raccorder les deux réseaux.

— Et cette ligne aurait ?…

— À peine mille kilomètres de parcours ; mais les Anglais s’obstinent à ne point vouloir donner la main aux Russes. Et, cependant, pouvoir mettre Calcutta à douze jours de Londres, quel avantage pour leur trafic ! »

En causant, le major et moi nous parcourons Douchak. Il y a nombre d’années déjà, on prévoyait l’importance que prendrait ce modeste village. Un embranchement le relie au railway de Téhéran en Perse, tandis qu’aucun tracé n’a été étudié vers les chemins de fer de l’Inde. Tant que les gentlemen, calqués sur le modèle de sir Francis Trevellyan, seront en majorité dans le Royaume-Uni, l’œuvre du réseau asiatique ne sera jamais complétée.

Je suis alors conduit à interroger le major sur le degré de sécurité que présente le Grand-Transasiatique à travers les provinces de l’Asie centrale.

« En Turkestan, me répond-il, cette sécurité est assez bien garantie. Les agents russes surveillent sans cesse la voie ; la police est régulièrement faite aux approches des gares, et, comme les stations sont peu distantes, je ne pense pas que les voyageurs aient rien à craindre des tribus errantes. D’ailleurs, la population turkomène s’est pliée aux exigences souvent très dures de l’administration moscovite. Aussi, depuis nombre d’années que la partie transcaspienne du railway fonctionne, aucune attaque n’est-elle venue entraver la marche des trains.

— Cela est rassurant, major Noltitz. Et pour la partie comprise entre la frontière et Pékin…

— C’est autre chose, répond le major. À la surface du plateau de Pamir jusqu’à Kachgar, la voie est gardée sévèrement, mais au delà,