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— Fi des chemins de fer ! ripostait Kennedy, avec lesquels on traverse les pays sans les voir !

— Parlez-moi d’un ballon ! reprenait Joe ; on ne se sent pas marcher, et la nature prend la peine de se dérouler à vos yeux !

— Quel spectacle ! quelle admiration ! quelle extase ! un rêve dans un hamac !

— Si nous déjeunions ? fit Joe, que le grand air mettait en appétit.

— C’est une idée, mon garçon.

— Oh ! la cuisine ne sera pas longue à faire ! du biscuit et de la viande conservée.

— Et du café à discrétion, ajouta le docteur. Je te permets d’emprunter un peu de chaleur à mon chalumeau ; il en a de reste. Et de cette façon nous n’aurons point à craindre d’incendie.

— Ce serait terrible, reprit Kennedy. C’est comme une poudrière que nous avons au-dessus de nous.

— Pas tout à fait, répondit Fergusson ; mais enfin, si le gaz s’enflammait, il se consumerait peu à peu, et nous descendrions à terre, ce qui nous désobligerait ; mais soyez sans crainte, notre aérostat est hermétiquement clos.

— Mangeons donc, fit Kennedy.

— Voilà, Messieurs, dit Joe, et, tout en vous imitant, je vais vous confectionner un café dont vous me direz des nouvelles.

— Le fait est, reprit le docteur, que Joe, entre mille vertus, a un talent remarquable pour préparer ce délicieux breuvage ; il le compose d’un mélange de diverses provenances qu’il n’a jamais voulu me faire connaître.

— Eh bien ! mon maître, puisque nous sommes en plein air, je peux