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Le ballon se balançait légèrement au souffle du vent de l’est. Les sacs de terre qui le retenaient avaient été remplacés par vingt matelots. Le commandant Pennet et ses officiers assistaient à ce départ solennel.

En ce moment, Kennedy alla droit au docteur, lui prit la main et dit :

« Il est bien décidé, Samuel, que tu pars ?

— Cela est très décidé, mon cher Dick.

— J’ai bien fait tout ce qui dépendait de moi pour empêcher ce voyage ?

— Tout.

— Alors j’ai la conscience tranquille à cet égard, et je t’accompagne.

— J’en étais sûr », répondit le docteur, en laissant voir sur ses traits une rapide émotion.



L’instant des derniers adieux arrivait. Le commandant et ses officiers embrassèrent avec effusion leurs intrépides amis, sans en excepter le digne Joe, fier et joyeux. Chacun des assistants voulut prendre sa part des poignées de main du docteur Fergusson.

À neuf heures, les trois compagnons de route prirent place dans la nacelle : le docteur alluma son chalumeau et poussa la flamme de manière à produire une chaleur rapide. Le ballon, qui se maintenait à terre en parfait équilibre, commença à se soulever au bout de quelques minutes. Les matelots durent filer un peu des cordes qui le retenaient. La nacelle s’éleva d’une vingtaine de pieds.

« Mes amis, s’écria le docteur debout entre ses deux compagnons et ôtant son chapeau, donnons à notre navire aérien un nom qui lui porte-bonheur ! qu’il soit baptisé le Victoria ! »

Un hourra formidable retentit :