— Aurais-tu encore l’apparence d’une objection à me faire ? Parle, ami Kennedy.
— Une objection ! j’en aurais mille ; mais, entre autres, dis-moi : si tu comptes voir le pays, si tu comptes monter et descendre à ta volonté, tu ne le pourras faire sans perdre ton gaz ; il n’y a pas eu jusqu’ici d’autres moyens de procéder, et c’est ce qui a toujours empêché les longues pérégrinations dans l’atmosphère.
— Mon cher Dick, je ne te dirai qu’une seule chose : je ne perdrai pas un atome de gaz, pas une molécule.
— Et tu descendras à volonté ?
— Je descendrai à volonté.
— Et comment feras-tu ?
— Ceci est mon secret, ami Dick. Aie confiance, et que ma devise soit la tienne : « Excelsior ! »
— Va pour « Excelsior ! » répondit le chasseur, qui ne savait pas un mot de latin.
Mais il était bien décidé à s’opposer, par tous les moyens possibles, au départ de son ami. Il fit donc mine d’être de son avis et se contenta d’observer. Quant à Samuel, il alla surveiller ses apprêts.
CHAPITRE IV
La ligne aérienne que le docteur Fergusson comptait suivre n’avait pas été choisie au hasard ; son point de départ fut sérieusement étudié, et ce ne fut pas sans raison qu’il résolut de s’élever de l’île de Zanzibar. Cette île, située près de la côte orientale d’Afrique, se trouve par 6o de latitude australe, c’est-à-dire à quatre cent trente milles géographiques au-dessous de l’équateur[1].
De cette île venait de partir la dernière expédition envoyée par les Grands Lacs à la découverte des sources du Nil.
Mais il est bon d’indiquer quelles explorations le docteur Fergusson
- ↑ Cent soixante-douze lieues.