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Kennedy prit un fusil à deux coups et s’avança dans les grandes herbes vers un taillis assez rapproché ; de fréquentes détonations apprirent bientôt au docteur que sa chasse serait fructueuse.


Le chasseur fait bonne chasse.


Pendant ce temps, celui-ci s’occupa de faire le relevé des objets conservés dans la nacelle et d’établir l’équilibre du second aérostat ; il restait une trentaine de livres de pemmican, quelques provisions de thé et de café, environ un gallon et demi d’eau-de-vie, une caisse à eau parfaitement vide ; toute la viande sèche avait disparu.

Le docteur savait que, par la perte de l’hydrogène du premier ballon, sa force ascensionnelle se trouvait réduite de neuf cents livres environ ; il dut donc se baser sur cette différence pour reconstituer son équilibre. Le nouveau Victoria cubait soixante-sept mille pieds et renfermait trente trois mille quatre cent quatre-vingts pieds cubes de gaz ; l’appareil de dilatation paraissait être en bon état ; ni la pile ni le serpentin n’avaient été endommagés.

La force ascensionnelle du nouveau ballon était donc de trois mille livres environ ; en réunissant les poids de l’appareil, des voyageurs, de la provision d’eau, de la nacelle et de ses accessoires, en embarquant cinquante gallons d’eau et cent livres de viande fraîche, le docteur arrivait à un total de deux mille huit cent trente livres. Il pouvait donc emporter cent soixante-dix livres de lest pour les cas imprévus, et l’aérostat se trouverait alors équilibré avec l’air ambiant.

Ses dispositions furent prises en conséquence, et il remplaça le poids de Joe par un supplément de lest. Il employa la journée entière à ces divers préparatifs, et ceux-ci se terminaient au retour de Kennedy. Le chasseur avait fait bonne chasse ; il apportait une véritable charge d’oies, de canards sauvages, de bécassines, de sarcelles et de pluviers. Il s’occupa de préparer ce gibier et de le fumer. Chaque pièce, embrochée par une mince baguette, fut suspendue au-dessus d’un foyer de bois vert. Quand la préparation parut convenable à Kennedy, qui s’y entendait d’ailleurs, le tout fut emmagasiné dans la nacelle.

Le lendemain, le chasseur devait compléter ses approvisionnements.

Le soir surprit les voyageurs au milieu de ces travaux. Leur souper se composa de pemmican, de biscuits et de thé. La fatigue après leur avoir donné l’appétit, leur donna le sommeil. Chacun pendant son quart interrogea les ténèbres, croyant parfois saisir la voix de Joe ; mais, hélas, elle était bien loin, cette voix qu’ils eussent voulu entendre !

Aux premiers rayons du jour, le docteur réveilla Kennedy.

« J’ai longuement médité, lui dit-il, sur ce qu’il convient de faire pour retrouver notre compagnon.