Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dit Samuel Fergusson. Penchez-vous, et voyez comme la campagne disparaît rapidement sous nos pieds. Tenez ! cette forêt a l’air de se précipiter au-devant de nous !

— La forêt est déjà devenue une clairière, répondit le chasseur.

— Et la clairière un village, riposta Joe, quelques instants plus tard. Voilà-t-il des faces de nègres assez ébahies !

— C’est bien naturel, répondit le docteur. Les paysans de France, à la première apparition des ballons, ont tiré dessus, les prenant pour de monstres aériens ; il est donc permis à un nègre du Soudan d’ouvrir de grands yeux.

— Ma foi ! dit Joe, pendant que le Victoria rasait un village à cent pieds du sol, je m’en vais leur jeter une bouteille vide, avec votre permission mon maître ; si elle arrive saine et sauve, ils l’adoreront ; si elle se casse ils se feront des talismans avec les morceaux ! »

Et, ce disant, il lança une bouteille, qui ne manqua pas de se briser en mille pièces, tandis que les indigènes se précipitaient dans leurs huttes rondes, en poussant de grands cris.



Un peu plus loin, Kennedy s’écria :

« Regardez donc cet arbre singulier ! il est d’une espèce par en haut, et d’une autre par en bas.

— Bon ! fit Joe ; voilà un pays où les arbres poussent les uns sur les autres.