Un arbre était là, à cinq pas de lui, un cèdre, dont les basses branches s’étendaient au-dessus du creek.
S’élancer vers ce tronc, de médiocre grosseur, l’entourer de ses bras, s’aider des aspérités de l’écorce, se hisser jusqu’à la fourche, se glisser à travers la ramure supérieure, c’est ce que le jeune homme accomplit lestement. Un singe n’aurait été ni plus adroit ni plus souple. Cela ne saurait étonner de la part d’un petit clown, et il put se croire en sûreté.
Par malheur, ce ne fut pas pour longtemps. En effet, l’ours, qui s’était posté au pied de l’arbre, se disposait à y grimper, et il serait difficile de lui échapper, même en se réfugiant sur les plus hautes branches.
Sandre ne perdit rien de son sang-froid. N’était-il pas le digne fils du célèbre Cascabel, habitué à se tirer sain et sauf des plus mauvaises passes ?
Ce qu’il fallait, c’était quitter l’arbre, mais comment ? puis, franchir le torrent, mais de quelle façon ? Sous la crue occasionnée par une pluie torrentielle, le creek commençait à déborder, et ses eaux se répandaient sur la rive droite du côté du campement.
Appeler au secours ?… Il était impossible que des cris pussent être entendus au milieu de cette rafale furibonde. D’ailleurs, si M. Cascabel, Jean ou Clou-de-Girofle s’étaient mis à la recherche de l’absent, ce devait être en avant et non en arrière de la Belle-Roulotte. Est-ce qu’ils auraient pu supposer que Sandre avait repassé le creek ?
Cependant l’ours grimpait… lentement, mais il grimpait, et il allait bientôt atteindre la fourche du cèdre, tandis que Sandre cherchait à en atteindre la cime.
C’est alors que le gamin eut une idée. Voyant que quelques-unes des branches s’étendaient au-dessus du creek sur une dizaine de pieds, il se hâta de dérouler la corde qu’il avait à sa ceinture, et d’y faire une boucle qu’il parvint à lancer jusqu’à l’extrémité de l’une des branches horizontales ; puis, cette branche, il la redressa en halant la corde à lui, et la maintint dans cette position verticale.