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grande détermination.

— Et quelle distance y a-t-il depuis ce détroit… ce ruisseau de Behring… jusqu’à la Russie d’Europe ?

— On compte seize cents lieues.

— Et jusqu’en France ?

— À peu près six cents.

— Et tout cela fait, depuis Sacramento ?…

— Trois mille trois cent lieues ! s’écrièrent à la fois Sandre et Napoléone.

— Un bon point à chacun ! dit M. Cascabel. Ainsi, par l’est, deux mille deux cents lieues ?…

— Oui, père.

— Et par l’ouest trois mille trois cents environ ?…

— Oui, soit onze cents lieues de différence…

— De différence en plus par l’ouest, répondit M. Cascabel, mais pas de mer sur la route ! Donc, enfants, quand on ne peut pas aller par un côté, il faut aller par l’autre, et c’est ce que je vous propose de faire tout bêtement !

— Tiens !… Un voyage à reculons ! s’écria Sandre.

— Non pas à reculons !… Un voyage en sens inverse !

— Très bien, père, répondit Jean. Toutefois je te ferai observer que, vu la longueur du chemin, jamais nous ne pourrons arriver cette année en France, si nous allons par l’ouest !

— Et pourquoi ?

— Parce que onze cents lieues de plus, c’est quelque chose pour notre Belle-Roulotte, — et son attelage !…

— Eh bien, enfants, si nous ne sommes pas en Europe cette année, nous y serons l’année prochaine ! Et, j’y pense, puisque nous aurons à traverser la Russie, où il y a les foires de Perm, de Kazan, de Nijni, dont j’ai si souvent entendu parler, nous nous y arrêterons, et je vous promets que la célèbre famille des Cascabel y fera bonne figure et bonnes recettes aussi ! »

Quelles objections peut-on faire à un homme, lorsqu’il a réponse à tout ?