— Environ, père, répondit Jean, et je crois que je fais bonne mesure !
— Eh bien, enfants, ce ruban de queue ne serait rien pour la Belle-Roulotte, s’il ne se trouvait une mer entre l’Amérique et l’Europe, une maudite mer qui lui barre le chemin ! Et, cette mer, on ne peut la passer sans argent, c’est-à-dire sans paquebot…
— Ou sans nageoires ! répéta Clou.
— Décidément, il y tient ! répondit M. Cascabel en haussant les épaules.
— Donc, il est de toute évidence, reprit Jean, que nous ne pouvons aller par l’est !
— C’est impossible comme tu dis, mon fils, absolument impossible ! Mais… peut-être par l’ouest ?…
— Par l’ouest ?… s’écria Jean en regardant son père.
— Oui !… Vois un peu cela, et montre-moi par où il faudrait prendre pour faire route à l’ouest ?
— Il faudrait d’abord remonter à travers la Californie, l’Orégon et le territoire de Washington jusqu’à la frontière septentrionale des États-Unis.
— Et de là ?…
— De là ?… Ce serait la Colombie anglaise…
— Pouah !… fit M. Cascabel. Et il n’y aurait pas moyen d’éviter cette Colombie ?…
— Non, père !
— Passons !… Et ensuite ?…
— Une fois arrivés à la frontière au nord de la Colombie, nous trouverions la province d’Alaska…
— Qui est anglaise ?…
— Non, russe — du moins jusqu’ici, car il est question de l’annexer…
— À l’Angleterre ?
— Non !… aux États-Unis.
— Parfait !… Et après l’Alaska, qu’y a-t-il ?…