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césar cascabel.

saient le sol. Çà et là, d’énormes entassements de rocs multipliaient les détours, surtout le long de l’un des affluents du Walker, sorti du lac de ce nom, et qui se précipitait tumultueusement au fond des précipices. Au loin, perdu dans les nuages, pointait le Castle-Peak, dominant les autres cimes, pittoresquement projetées par la chaîne de la Nevada.

Vers cinq heures du soir, lorsque l’ombre montait déjà des profondeurs de l’étroite gorge, il y eut un rude tournant à franchir. La rampe était tellement forte à cet endroit, au point qu’il fut nécessaire de décharger en partie la voiture et de laisser provisoirement en arrière la banne et la plupart des objets placés sur la galerie supérieure.

Chacun s’y mit, et, il faut le reconnaître, les deux conducteurs firent preuve de zèle en cette circonstance. M. Cascabel et les siens revinrent quelque peu sur leur première impression au sujet de ces hommes. D’ailleurs, deux jours encore, le plus haut point du défilé serait atteint, il n’y aurait plus qu’à redescendre, et l’attelage de renfort retournerait à la ferme.

Lorsque le lieu de la halte eut été choisi, pendant que les charretiers s’occupaient de leurs chevaux, M. Cascabel, ses deux fils et Clou revinrent sur leurs pas, et rapportèrent les objets qui avaient été déposés au bas de la rampe.

Un bon souper termina cette journée, et on ne songea plus qu’à se reposer.

M. Cascabel offrit aux conducteurs de prendre place dans l’un des compartiments de la Belle-Roulotte ; mais ils refusèrent, assurant que l’abri des arbres leur suffirait. Là, bien enveloppés de grosses couvertures, ils pourraient veiller plus efficacement sur l’attelage de leur maître.

Quelques instants après, le campement était plongé dans un profond sommeil.

Le lendemain, dès les premières lueurs de l’aube, tout le monde fut sur pied.

M. Cascabel, Jean et Clou, descendus les premiers de la Belle-