cabel eût annoncé son retour dans la soirée ?… Était-ce parce qu’il avait dû rester au château de Walska ? C’était probable, car il n’y avait pas de doute qu’il y fut allé. Ortik aurait donc dû montrer moins d’impatience. Mais il n’était pas maître de lui, et il ne put se retenir de demander à M. Cascabel s’il avait des nouvelles de M. Serge.
« Aucune, répondit M. Cascabel.
— Je croyais, reprit Ortik, que vous attendiez M. Serge hier soir ?…
— En effet, répondit M. Cascabel, et il faut qu’il ait eu quelque empêchement !… Ce serait bien fâcheux, s’il ne pouvait assister à notre représentation !… Ce sera tout simplement merveilleux !… Vous verrez, Ortik !… »
Si M. Cascabel parlait comme un homme qui n’éprouve aucune inquiétude, au fond, il était inquiet et très sérieusement.
La veille, après lui avoir promis d’être de retour avant le jour, M. Serge était parti pour le château de Walska. Six verstes pour aller, six verstes pour revenir, ce n’était rien ! Or, puisqu’il n’était pas revenu, trois hypothèses se présentaient : ou M. Serge avait été arrêté avant d’arriver à Walska, ou il y était arrivé, mais l’état du prince Narkine l’avait retenu au château, ou, après être reparti dans la nuit, il avait été arrêté en route. Quant à supposer que les complices d’Ortik fussent parvenus à l’attirer dans quelque piège, ce n’était pas admissible, et, à cette observation qui lui fut faite par Kayette, M. Cascabel répondit :
« Non ! ce coquin d’Ortik ne serait pas tourmenté comme il semble l’être !… Il ne m’aurait pas demandé des nouvelles de M. Serge, si ses compagnons l’avaient tenu entre leurs mains !… Ah ! le gueux !… Tant que je ne l’aurai pas vu grimacer au bout d’une potence avec son ami Kirschef, il manquera quelque chose à mon bonheur en ce monde ! »
M. Cascabel dissimulait donc assez mal ses anxiétés. Aussi, Cornélia, bien qu’elle fût non moins alarmée que son mari, lui disait-elle :
« Voyons, César, un peu de calme !… Tu t’agites trop !… Il faut te faire une raison !