jours, s’il ne se produisait aucun retard, la Belle-Roulotte serait arrivée à Perm. Là, devait commencer la série des représentations données par la famille Cascabel, avant de se rendre à la foire de Nijni. Du moins, tel était le programme de cette « tournée artistique ».
Quant à M. Serge, il prendrait ses dispositions pour se rendre nuitamment au château de Walska.
Que l’on juge de son impatience, et aussi de l’inquiétude bien légitime avec laquelle il parlait de ces choses avec son ami Cascabel ! Depuis qu’il avait été sauvé, pendant les treize mois qu’avait duré cet extraordinaire voyage de la frontière alaskienne à la frontière d’Europe, il était sans nouvelles du prince Narkine. À l’âge qu’avait son père, ne pouvait-il tout craindre — même de ne plus le retrouver ?…
« Allons donc !… Allons donc, monsieur Serge ! répondait César Cascabel. Le prince Narkine se porte comme vous et moi, et même mieux !… Vous le savez, j’aurais fait une excellente voyante !… Je lis dans le passé et dans l’avenir !… Le prince Narkine vous attend… en belle et bonne santé… et vous le reverrez dans quelques jours !… »
Et M. Cascabel n’eût point hésité à jurer que les choses se passeraient de la sorte, n’eût été la complication de ce gueux d’Ortik.
Et il se disait :
« Je ne suis pas méchant, mais s’il m’était possible de lui scier le cou avec mes dents, je le ferais… et je croirais y mettre encore quelque modération ! »
Cependant Kayette était de plus en plus alarmée à mesure que la Belle-Roulotte s’approchait de Perm. À quel parti s’arrêterait M. Cascabel ? Comment déjouerait-il les projets d’Ortik, sans compromettre la sûreté de M. Serge ? Cela lui paraissait pour ainsi dire impossible. Aussi dissimulait-elle mal ses anxiétés, et Jean, qui n’était pas dans le secret, souffrait horriblement à la voir si tourmentée, si abattue parfois !
Dans la matinée du 20 juillet, la Kama fut franchie, et, vers cinq