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voyage terminé et qui n’est pas fini.

M. Serge, Jean et Ortik partirent donc, tandis que Kirschef et Clou s’occupaient des soins à donner aux rennes. Ces animaux furent bientôt installés sous les arbres, dans un coin de prairie, où ils pouvaient brouter et ruminer à leur aise.

Pendant ce temps, Cornélia revenait vers la Belle-Roulotte, où la besogne ne manquait pas, disant :

« Allons, Napoléone !

— Me voici, mère.

— Et toi, Kayette ?…

À l’instant, madame Cascabel ! »

Mais c’était l’occasion que cherchait Kayette de se trouver seule avec le chef de la famille.

« Monsieur Cascabel ?… dit-elle, en allant vers lui.

— Ma petite caille ?

— Je voudrais vous parler.

— Me parler ?…

— Secrètement.

— Secrètement ? »

Puis, mentalement, il se dit :

« Que me veut-elle, ma petite Kayette ?… Serait-ce à propos de mon pauvre Jean ? »

Tous deux se dirigèrent vers la gauche du zavody, laissant Cornélia occupée à la Belle-Roulotte.

« Eh bien, ma chère fille, demanda M. Cascabel, que me veux-tu, et pourquoi ce mystère ?

— Monsieur Cascabel, répondit Kayette, voilà trois jours que je désire vous parler, sans que personne ne puisse nous entendre ni même s’en apercevoir.

— C’est donc bien grave, ce que tu as à me dire ?

— Monsieur Cascabel, je sais que M. Serge s’appelle le comte Narkine !

— Hein !… Le comte Narkine !… s’écria M. Cascabel. Tu sais ?… Et comment as-tu appris cela ?…