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du fleuve obi aux monts ourals

— Nous allons entrouvrir la porte avec précaution, et nous saisirons les deux premiers qui chercheront à s’introduire dans le compartiment…

— Y pensez-vous, Cascabel ?

— Que risquons-nous, monsieur Serge ? Quelques morsures ?… Peuh ! j’aime mieux être mordu qu’étranglé !

— Soit !… Faisons, mais faisons vite ! » répondit M. Serge, sans trop savoir où M. Cascabel voulait en venir.

Celui-ci, suivi d’Ortik, de Clou et de Kirschef, vint se placer dans le premier compartiment, tandis que Jean et Sandre retenaient les deux chiens au fond du dernier, où les femmes avaient eu ordre de se tenir.

Les meubles qui barraient la porte furent enlevés, et M. Cascabel l’entrouvrit de manière à pouvoir la refermer rapidement.

En ce moment, une douzaine de loups, accrochés à la banquette, cramponnés aux deux marchepieds, s’acharnaient contre l’avant de la voiture.

Dès que la porte eut été quelque peu entrebâillée, un des loups se précipita à l’intérieur et elle fut aussitôt refermée par Kirschef. M. Cascabel, aidé d’Ortik, se jeta sur l’animal et parvint à lui envelopper la tête d’un morceau de toile dont il s’était muni et qui fortement attaché à son cou.

La porte se rouvrit de nouveau… Un second loup s’introduisit et subit le même traitement que le premier. Ce n’était pas sans peine que Clou, Ortik et Kirschef maintenaient ces bêtes vigoureuses et rageantes.

« Surtout, ne les tuez pas, recommandait M. Cascabel, et tenez-les bien ! »

Ne pas les tuer ?… Et qu’en voulait-il donc faire ?… Les engager dans sa troupe pour la foire de Perm ?…

Ce qu’il en voulait faire, ce qu’il en fit, ses compagnons ne tardèrent pas à le savoir.

En effet, une flamme venait d’éclairer le compartiment, qui retentit de hurlements et de cris de douleur. Puis, la porte ayant été