ma présence est soupçonnée, peut-être serais-je forcé de quitter mon père !… Et pourtant… à son âge…
— Monsieur Serge, répondit M. Cascabel, je n’ai point de conseils à vous donner… Mieux que personne vous savez comment vous devez agir… Mais je vous ferai observer que vous serez exposé à des dangers très sérieux, si vous restez en Russie !… Que vous soyez découvert, et il y va de votre vie…
— Je le sais, mon ami, comme je sais aussi que vous serez très menacés, vous et les vôtres, si la police apprenait que vous avez facilité ma rentrée sur le territoire moscovite !
— Oh !… nous !… Ça ne compte pas !…
— Si, mon cher Cascabel, et jamais je n’oublierai ce que votre famille a accompli pour moi…
— Bien !… bien !… monsieur Serge !… Nous ne sommes pas venus ici pour échanger de belles phrases ! Voyons ! Il faut s’entendre sur la résolution que vous comptez prendre à Perm…
— Rien de plus simple, répondit M. Serge. Puisque j’appartiens à votre troupe, je resterai avec vous de manière à ne point provoquer les soupçons.
— Mais le prince Narkine ?…
— Le château de Walska n’est qu’à six verstes de la ville, et, chaque soir, après la représentation, il me sera facile de m’y rendre sans être vu. Nos domestiques se feraient tuer plutôt que de trahir ou de compromettre leur maître. Je pourrai donc passer quelques heures près de mon père, et revenir à Perm avant le jour.
— À merveille, monsieur Serge, et tant que nous serons à Perm, les choses marcheront toutes seules, je l’espère ! Mais, lorsque la foire sera terminée, lorsque la Belle-Roulotte repartira pour Nijni, puis pour la France… »
Évidemment, c’était le point délicat. A quoi se déciderait le comte Narkine, lorsque la famille Cascabel aurait quitté Perm’ ?… Se cacherait-il au château de Walska ?… Resterait-il en Russie, au risque d’être découvert ?… La question de M. Cascabel était précise.