dirigent de l’est à l’ouest, leur opposent plutôt de sérieux obstacles. Et voici ce qui fut arrêté :
Traverser le pays des Iakoutes, où les villages sont clairsemés, en se dirigeant vers le sud-ouest.
Passer ainsi du bassin de la Léna au bassin de l’Anabar, puis à celui de la Khatanga, puis à celui de l’Ienisseï, puis à celui de l’Obi, ce qui se chiffrait par un cours de sept cent cinquante lieues environ.
Franchir le bassin de l’Obi jusqu’aux montagnes de l’Oural, qui forment la frontière de la Russie d’Europe, sur un trajet de cent vingt-cinq lieues.
Enfin, de l’Oural à Perm, cheminer pendant une centaine de lieues vers le sud-ouest.
Au total : mille lieues en chiffres ronds.
S’il ne se présentait aucun retard sur la route, s’il y avait pas nécessité de s’arrêter dans quelque bourgade, le voyage pouvait être accompli en moins de quatre mois. En effet, de sept à huit lieues par jour, ce n’était pas trop demander à l’attelage de rennes et, dans ces conditions, la Belle-Roulotte arriverait à Perm, ensuite à Nijni, au milieu de juillet, c’est-à-dire à l’époque où la célèbre foire serait dans tout son éclat.
« Nous accompagnerez-vous jusqu’à Perm ?… demanda M. Serge à Ortik.
— Ce n’est pas probable, répondit le marin. Après avoir passé la frontière, notre projet est de faire route sur Saint-Pétersbourg pour gagner Riga.
— Soit, dit M. Cascabel, mais commençons par arriver à la frontière ! »
Il avait été convenu que la halte durerait vingt-quatre heures, dès qu’on aurait mis pied sur le continent — halte bien justifiée après ce rapide passage de l’icefield. Ce jour-là fut donc donné au repos.
La Lena se jette dans le golfe de ce nom à travers un capricieux réseau d’embouchures que séparent une infinité de canaux et de passes.