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césar cascabel.

Bref, à la date du 8 mars, les préparatifs de départ étaient achevés. M. Cascabel ayant demandé vingt rennes pour traîner sa voiture, Tchou-Tchouk s’était empressé de lui en offrir une centaine — ce dont son nouvel ami le remercia en se tenant au chiffre susdit. Il n’exigea en plus que la quantité de fourrage nécessaire à nourrir son attelage pendant la traversée de l’icefield.

Ce jour-là, dans la matinée, M. Serge, la famille Cascabel et les deux marins russes prirent congé des indigènes de Tourkef. Toute la tribu s’était réunie pour assister au départ de ses hôtes, et leur présenter ses souhaits de bon voyage.

Le « cher Chouchou » était là, au premier rang, confit dans un attendrissement très sincère. M. Cascabel alla vers lui et, après lui avoir tapoté le ventre, il se contenta de prononcer ces simples mots en français :

« Adieu, vieille bête ! »

Mais cette tape familière allait grandir encore Sa Majesté dans l’esprit de ses sujets.

Dix jours plus tard, le 18 mars, ayant traversé sans danger ni fatigues l’icefield qui réunissait l’archipel des Liakhoff à la côte sibérienne, la Belle-Roulotte arriva sur le littoral, à l’embouchure de la Léna.

Après tant d’incidents et d’accidents, de dangers et d’aventures depuis leur départ de Port-Clarence, M. Serge et ses compagnons avaient enfin mis le pied sur le continent asiatique.