Pendant la dernière semaine de novembre, la chute des neiges avait pris des proportions fabuleuses. La masse des flocons était telle qu’il avait fallu renoncer à mettre le pied au-dehors — ce qui occasionna une grave catastrophe.
Le 30, de grand matin, au moment où il se réveillait, Clou fut surpris de la difficulté qu’il éprouvait à respirer, comme si l’air eût été impropre au jeu des poumons.
Les autres dormaient encore dans leurs compartiments d’un sommeil lourd et pénible, à faire croire qu’ils subissaient un commencement de suffocation.
Clou voulut ouvrir la porte de l’avant-train, afin de renouveler l’air… Il ne put y parvenir.
« Eh là ! monsieur patron ! » cria-t-il d’une voix si puissante qu’il réveilla toute la Belle-Roulotte.
Aussitôt M. Serge, M. Cascabel, ses deux fils, se relevèrent, et Jean de s’écrier :
« On étouffe ici !… Il faut ouvrir la porte !
— Je n’ai pas pu… répondit Clou.
— Les volets alors ?… »
Mais comme ces volets se rabattaient à l’extérieur, ils résistèrent également.
En quelques minutes, la porte fut démontée, et l’on comprit pourquoi il avait été impossible de l’ouvrir.
Le couloir ménagé autour de la Belle-Roulotte était rempli par la masse des neiges que la rafale y avait accumulée, et non seulement ce couloir, mais aussi le passage qui établissait une communication à travers le rempart de glace.
« Est-ce que le vent a changé ?… demanda M. Cascabel.
— Ce n’est pas probable, répondit M. Serge. Il ne serait pas tombé tant de neige, s’il avait remonté à l’ouest…
— Il faut alors que le glaçon ait tourné sur lui-même, fit observer Jean.
— Oui… cela doit être, répliqua M. Serge. Avisons d’abord au plus