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une idée de cornélia cascabel.

voyage, il lui administra un énergique vomitif que toutes les incantations du magicien n’auraient pu remplacer.

La vérité est que ce chef s’était donné une indigestion de premier ordre, et les pintes de thé qu’il absorbait n’arrivaient pas à la combattre.

Il ne mourut donc pas à la grande satisfaction de sa tribu — ce qui priva la famille Cascabel d’assister aux cérémonies qui accompagnent l’enterrement d’un souverain. Et encore, le mot enterrement n’est-il pas juste, lorsqu’il s’agit de funérailles indiennes. Car c’est dans l’air que le corps est suspendu à quelques pieds au-dessus du sol. Là, au fond de son cercueil, et comme pour lui servir en l’autre monde, sont déposés sa pipe, son arc, ses flèches, ses raquettes et les fourrures plus ou moins précieuses qu’il revêtait pendant l’hiver. Puis, comme un enfant en son berceau, la brise le berce ainsi pendant son éternel sommeil.

La famille Cascabel ne passa que vingt-quatre heures au fort Selkirk, prit congé des Indiens et des employés, emportant un excellent souvenir de cette première halte sur la rive du fleuve. Elle dut remonter le cours de la Pelly-river par une sorte de berge assez cahoteuse dont l’attelage ne se tira pas sans fatigue. Enfin, le 27 juillet, dix-sept jours après avoir quitté le fort Selkirk, la Belle-Roulotte arriva au fort Youkon.



XIII

une idée de cornélia cascabel.


C’était sur la rive droite du fleuve que la Belle-Roulotte avait fait cette partie du voyage comprise entre le fort Selkirk et le fort Youkon. Elle s’en était tenue à une distance variable, afin d’éviter