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sortie des denrées coloniales et un impôt qui frappe la consommation des spiritueux.

L’oncle de Louis Clodion, frère de sa mère, M. Henry Barrand, était un des riches et influents planteurs de la Guadeloupe. Il habitait la Pointe-à-Pitre et possédait de vastes propriétés aux environs de la ville. Sa fortune, son entregent, son caractère très communicatif, sa personnalité très sympathique, son originalité amusante, sa bonne humeur habituelle, lui faisaient des amis de tous ceux qui l’approchaient. Âgé de quarante-six ans, grand chasseur, grand amateur de sport, il parcourait à cheval ses vastes plantations, aimant la bonne chère, vrai gentilhomme campagnard, si cette qualification peut être appliquée à un colon des Antilles, et, brochant sur le tout, célibataire, oncle à héritage, oncle d’Amérique, sur lequel ses neveux et nièces devaient compter.

On devine avec quelle joie, avec quelle émotion même, il serra Louis Clodion dans ses bras dès l’arrivée de l’Alert.

« Sois le bienvenu, mon cher Louis, s’écria-t-il, et quel bonheur de te revoir après cinq ans d’absence !… Si je ne suis pas changé autant que toi, si je ne suis pas