Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 2.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Seulement, le vent ayant un peu halé le nord, on dut raidir les écoutes et marcher à l’allure du largue.

Ce n’est pas que la vitesse fût diminuée, mais le canot donnait parfois la bande, au point que son plat-bord rasait la surface de l’eau.

Will Mitz le soutenait avec la barre, rendant la main lorsqu’il menaçait de s’emplir, tandis que Tony Renault filait l’écoute de la voile.

Ce qui inquiétait Will Mitz, c’était que les appréhensions qu’il cherchait vainement à cacher commençaient à troubler ses jeunes compagnons.

Et, tout d’abord, M. Patterson, doué d’une moins grande endurance, parut ne pas devoir résister comme il l’avait fait jusqu’alors. Ce n’était pas qu’il fût abattu par le mal de mer, non ! Des accès de fièvre l’accablaient, accompagnés d’une soif brûlante. Et, pour l’apaiser, chacun lui eût volontiers abandonné sa part d’eau douce, bien réduite déjà. S’il s’affaiblissait encore, si le délire le prenait, — et parfois s’échappaient de sa bouche des paroles incohérentes, — que faire pour lui ?…