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puis je compte apercevoir quelque navire…

— Vous avez bon espoir ?…

— Bon espoir !

— Ne voulez-vous pas prendre du repos ?…

— Non… je ne suis pas fatigué… Plus tard, si j’ai besoin de dormir, une ou deux heures de sommeil, il ne m’en faudra pas davantage. »

Si Will Mitz tenait ce langage, c’est qu’il ne voulait pas inquiéter les passagers. Au fond sa perspicacité de marin ne le laissait pas sans appréhension. À bien l’observer, il lui semblait que la mer « sentait quelque chose », étant plus agitée que ne le comportait la brise.

Il était possible qu’il y eût des gros temps dans l’ouest. En juin ou juillet, ils ne se fussent pas prolongés au-delà de vingt-quatre ou de quarante-huit heures. Mais, en cette période de l’équinoxe, peut-être tiendraient-ils une ou deux semaines ?… N’est-ce pas l’époque à laquelle les Antilles ont subi d’effroyables désastres dus aux cyclones ?…

En admettant même que le vent n’allât pas jusqu’à la tempête, comment ces jeunes garçons résisteraient-ils à la fatigue en manœuvrant jour et nuit ?…