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en perdition, serait-il possible de rallier un port des Antilles ?… Will Mitz estimait que, pendant cette première journée de navigation, l’Alert devait s’être déplacé d’une soixantaine de milles dans le sud-est de la Barbade. Soixante milles, même avec une voilure, par bon vent et mer maniable, l’embarcation eût à peine franchi cette distance en quarante-huit heures !… Et pas de provisions à bord, ni eau ni vivres !… Le jour venu, la faim et la soif ! comment les apaiser ?

Une heure plus tard, brisés de fatigue, saisis d’un irrésistible besoin de dormir, la plupart des jeunes garçons, étendus sur les bancs, avaient succombé au sommeil. Si Louis Clodion et Roger Hinsdale résistaient encore, la nuit ne s’achèverait pas sans qu’ils eussent imité leurs camarades.

Will Mitz resterait donc seul à veiller. Et qui sait s’il ne se sentirait pas pris de désespoir devant tant de circonstances défavorables, tant de chances contraires ?

De fait, il n’était plus nécessaire de recourir aux avirons, si ce n’est pour étaler le courant en attendant soit le lever du brouillard, soit le lever du jour.