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Mais l’heure n’était point à ces explications. Si les passagers ne parvenaient pas à quitter l’Alert, ils étaient perdus. Que le vent vint à se lever, les deux bâtiments s’éloigneraient l’un de l’autre, et le massacre s’accomplirait… Si ce n’était pas cette nuit, ce serait la nuit prochaine, ou même le jour venu, à la condition que la mer fût déserte… Quoique averti, Will Mitz ne pourrait organiser une défense sérieuse.

Or, puisqu’une circonstance providentielle — on a droit de le dire — retardait la perpétration du crime, il fallait en profiter et chercher le salut là où il était.

Donc, nécessité de partir, et de partir sans donner l’éveil. Harry Markel s’était retiré dans sa cabine. John Carpenter et Wagah venaient de regagner le poste où les autres dormaient déjà. Il n’y avait plus à l’avant que le matelot de quart qui ne devait pas faire bonne surveillance.

Et, d’abord, pour rejoindre le navire encalminé, il y avait une embarcation, le grand canot, qui, après la pêche, était resté à la traîne par ordre d’Harry Markel.

Homme de courage et de résolution, Will Mitz s’était décidé à tout tenter pour sauver