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et pour lui ?… Qui sait s’il n’aurait pas fui ces dangereux parages, s’il n’eût pas enfin assuré sa sécurité en dirigeant son navire sans passagers vers les mers du Pacifique ?…

Eh bien, non, avec le tempérament audacieux qu’on lui connaissait, Harry Markel, résistant aux instances de son équipage, aurait fait valoir que la Barbade devait être l’étape terminale ; que le voyage serait achevé dans quelques jours, que les périls ne seraient pas plus redoutables dans cette île qu’à Sainte-Lucie ou à la Dominique, anglaises comme elle, et il eût ajouté :

« Au retour, l’Alert vaudra sept mille livres de plus, car je ne jetterai pas ces sept mille livres à la mer, en y jetant ceux qui doivent les toucher à la Barbade ! »

Les modifications atmosphériques que l’on pouvait craindre ne se réalisèrent pas. Dans l’après-midi éclata un de ces gros orages, violents roulements de tonnerre, pluie torrentielle, qui ne sont pas rares dans la région des Antilles et y occasionnent trop souvent d’incalculables désastres. L’Alert dut pousser au large durant quelques heures. Puis le météore prit fin avec le coucher du