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cet état, l’épouvante encore peinte sur le visage ?…

On lui releva la tête, on l’appuya avec précaution contre un arbre, on lui bassina les tempes avec l’eau fraîche d’un rio qui coulait vers le marécage, on lui introduisit quelques gouttes de rhum entre les lèvres.

Ses yeux se rouvrirent enfin, et de sa bouche s’échappèrent ces mots presque inarticulés :

« Le serpent… le serpent ?…

— Monsieur Patterson… monsieur Patterson… répondit Louis Clodion, en lui prenant les mains.

— Le serpent… est-il en fuite ?…

— Quel serpent ?…

— Celui que j’ai aperçu au milieu des branches de cet arbre…

— Quelles branches ?… Quel arbre ?…

— Voyez… là… là… Prenez garde !… »

Bien que M. Patterson ne fît entendre que des phrases incohérentes, on finit par comprendre qu’il s’était trouvé en face d’un énorme reptile, enroulé à la fourche d’un arbre… qui le fascinait comme un oiseau… Il résistait… il résistait… mais le serpent l’attirait malgré lui, et, quand il en fut à le