Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 1.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais il faut, durant nos relâches, redoubler de prudence…

— On sera prudent, Harry, et personne de nous n’a envie de compromettre le succès de cette campagne… Elle a bien commencé et elle finira de même…

— Sûr, John, du moment que Paxton n’est connu de personne à Saint-Thomas. D’ailleurs, tu veilleras à ce qu’aucun de nos gens ne descende à terre ! »

Il avait raison, Harry Markel, d’empêcher son équipage de quitter le bord. À courir les tavernes et les taps, à boire outre mesure, — ce qui leur arrivait toutes les fois qu’on les abandonnait à eux-mêmes, — ces matelots auraient pu laisser échapper quelque parole suspecte, et mieux valait les consigner rigoureusement sur l’Alert.

« Juste, Harry, reprit John Carpenter, et, s’ils ont tant envie de boire, on leur donnera double ou triple ration… Maintenant, les passagers sont à terre pour trois jours, et, si nos gens avalent un coup de trop à bord, peu importe ! »

Au surplus, l’équipage de l’Alert, quoique enclin à s’abandonner aux excès, à se dédommager dans les ports des abstinences de la navigation, comprenait ce que la situation